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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

BRITISH VISION à GAND

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Deux siècles d’art britannique

Le MSK (Museum voor Schone Kunsten de Gand) célèbre sa réouverture avec une fantastique rétrospective d’art britannique, sous le sous-titre « Observation et Imagination ».

 

Environ 300 tableaux célèbres en provenance de la Tate Gallery, du Yale Center for British Art aux USA, du musée Victoria & Albert de Londres, se retrouvent ainsi réunis autour de deux grands thèmes, divisés en 14 intéressants chapitres.

De William Hogarth à Stanley Spencer, en passant par Gainsborough, John Constable, J.M. William Turner, Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, jusqu’à Walter Sickert (considéré par l’arrogante écrivaine américaine Patricia Cornwell comme le vrai Jack l’Eventreur !), l’exposition entraîne le visiteur à travers le pays de Galles, le Yorkshire, le Suffolk, mais ne sont pas oubliés non plus l’humour et l’autodérision (William Hogarth) ou le réalisme d’une société en mutation.

Suivez-moi à travers ce voyage dans le temps, grâce notamment aux informations traduites et résumées du programme du MSK.

  1. Une société en mutation = dès le 18èmesiècle, l’Angleterre émerge comme étant la première société moderne, sous l’influence de la révolution industrielle. Le pays passe dès lors d’une société agraire vers une culture citadine et apparaît entre les aristocrates et le peuple une nouvelle classe sociale, la classe moyenne des commerçants, entrepreneurs et artisans. Les artistes britanniques observent de près cette société nouvelle.

Les portraits, un genre réservé jusqu’alors à la classe privilégiée, montrent désormais la classe émergente mais aussi le prolétariat.

La photographie, expression même de la technologie moderne, montre des images des  multiples aspects positifs de la nouvelle société, mais également ses points négatifs.

A travers le 19ème siècle, les thèmes sociaux surgissent de plus en plus dans l’art. Une version particulièrement originale du réalisme social est visible dans les pré-raphaélites, un groupe désireux de renouveler l’art et s’inspirant de anciennes œuvres religieuses ; les pré-raphaélites poussèrent l’observation de l’homme et de son univers jusque dans les moindres détails.

  1. L’humour anglais = la satire, l’humour, le dérisoire, sont les instruments importants d’observation de l’homme et de la société. En tant que peintre et graveur, William Hogarth a montré les affres et le bien-être de ses contemporains. Ses dessins satiriques, assez moralisateurs, font souvent penser aux gravures de Bruegel ; ils sont à la base de la tradition satirique britannique, encore très en vogue de nos jours.
    Toujours dans le cadre de l’humour anglais, l’exposition ne pouvait pas ignorer l’œuvre d’Edward Lear et John Tenniel, ainsi qu’Audrey Beardsley.
  1. Perpectives =  la peinture de paysages est très à la mode dans cette société moderne où le paysage s’urbanise ; la nature est recherchée comme contrepoint de la réalité quotidienne urbaine, mais elle sert également de cadre de recherches pour l’artiste. Il n’y a dès lors rien de surprenant à ce que ce soit l’art britannique qui soit à la base de l’art paysager. Les peintres paysagers ont une préférence pour les paysages montagneux, mais les parcs appartiennent également au répertoire classique du peintre de paysages.

Le tableau « Arkwright’s Cotton Mills by Night »  introduit un nouvel élément dans la peinture du paysage classique,  en peignant l’une des plus grandes usines de coton du pays dans la campagne anglaise.

  1. Perspectives bis = l’essor de la peinture paysagiste britannique est directement lié à l’essor du tourisme aux 18èmeet 19èmes siècles ; la demande du public est va en grandissant pour des reproductions des sites visités ; beaucoup d’artistes produisent dessins et aquarelles qui seront introduits dans les guides touristiques (Turner par exemple travailla pour le fameux Baedecker).

Une littérature naît, reprenant des explications et théories destinées aux artistes paysagistes.


L’aquarelle est une technique particulièrement prisée pour les études de paysages, mais se développe par la même occasion en tant que medium à part entière ; parmi les artistes les plus célèbres, on trouve les noms de J.M.W. Turner évidemment, mais également John Sell Cotman, John Cozens, etc.

L’aquarelle était la technique par excellence pour les peintres itinérants, pratiquant le « travel art ».

L’Ecosse, le Pays de Galles, le Nord de l’Angleterre et leur superbes paysages attirèrent rapidement les peintres au même titre que les paysages montagneux. Plus tard, les paysagistes anglais, mais également les photographes, dépassèrent les limites de leur pays et parcoururent l’Europe, l’Egypte ou même la Terre Promise.

William Holman Hunt les appelait « les commerçants de la nature », cette appellation n’était nullement péjoratives ; ces peintres non seulement montraient des paysages superbes en soi, mais également chargés d’Histoire.

 

  1. Le paysage familier = le paysage classique et touristique ne représente qu’un aspect de l’art paysagiste britannique. Une autre tradition existe, non pas la nature que l’on découvre en voyageant, mais celle de la vie quotidienne à l’extérieur des villes. Ici on découvre la vie de tous les jours qui touche le citadin, tant au travers des labeurs campagnards mais aussi en tant que délassement.

Le réalisme des tableaux rappelle bien souvent les œuvres des peintres hollandais ou flamands du 17ème siècle.

  1. Le paysage familier, selon John Constable = le peintre britannique, John Constable, créa un nouveau style d’art paysager en peignant la nature avec réelle précision. Il parcourait les environs du pays de sa jeunesse, le long de la rivière Stour, dans le Suffolk où son père possédait deux moulins ; il en revenait systématiquement avec des études, des dessins, des tableaux à l’huile. Sur base de ces études, il exécutait de grands tableaux destinés à l’exposition annuelle de la Royal Academy.

Ses œuvres sont une ode à la simplicité naturelle et aux travaux des champs, représentant pour le peintre une harmonie avec la nature.

Les tableaux de John Constable impressionnèrent particulièrement des artistes français comme Eugène Delacroix ou l’Ecole de Barbizon.

  1. Détail et atmosphère = des détails, des fragments de paysages illustreront ultérieurement un intérêt quasi scientifique les œuvres des artistes britanniques. Peintres et photographes isolent un arbre, un rocher. Cette méthode sera développée aux environs de 1806 par quelques artistes londoniens groupés autour des frères Varley (John et Cornelius). Vers 1820, John Constable adoptera également ce modus operandi. Les pré-raphaélites développeront aussi cette technique du détail ; la vision de ces derniers pour l’art paysager peut se comparer aux pionniers de la photographie, Fox Talbot et Roger Fenton.
  1. Détail et atmosphère, bis = dans cette observation de la nature, les artistes travaillent en étroite collaboration avec les scientifiques et utilisent des méthodes scientifiques pures afin d’expliquer les phénomènes naturels.

L’observation des ciels, de l’atmosphère par Constable, Conzens, Turner est directement liée au développement de la météorologie ; cependant leur apport émotionnel et romantique reste indispensable afin de partager la beauté des ciels et des nuages.

C’est cet équilibre entre romantisme et observation qui influencera les générations futures des peintres paysagistes en Europe,  et plus particulièrement l’école de Barbizon.

Les pré-raphaélites et les artistes liés à ce groupe travaillèrent totalement différement ; avec une patience de moine ils offrent des détails du paysage, dans des compositions que l’on qualifierait actuellement d’art hyperréaliste.

 

  1. Art visionnaire = ce dernier forme une constance chez les artistes se basant  la littérature et la poésie, sur les récits bibliques ou mythologiques ; cet art n’exclut évidemment pas l’exagération et l’excentricité romantiques. Le symbolisme et les représentations fantastiques de John Martin, John Henry Fusell ou J.M.W. Turner appartiennent directement à l’Europe des Romantiques.

Edward Burne-Jones poursuit le symbolisme pré-raphaélite, se consacrant particulièrement à la représentation d’un monde imaginaire.

L’art moderne international est plutôt orienté vers des modes d’expression expérimentales et rompt parfois de manière radicale avec le passé. Les artistes britanniques, par contre,  restent attachés à leurs prédécesseurs ; ils adaptent à la manière moderne les thèmes religieux, mythologiques et littéraires.

 

  1. Art visionnaire sur papier = le travail sur papier, l’illustration de livres est un élément essentiel de la tradition visionnaire britannique.

La figure centrale en est William Blake, qui en ces temps de modernisme et de sciences, se tourna vers le monde végétal afin d’exprimer ses visions personnelles en textes, poèmes, aquarelles et dessins. Il trouve son inspiration dans la Bible, mais également chez des poètes comme Milton et Dante.

L’un des véritables chefs d’œuvre de l’art visionnaire britannique, tant littéraire que plastique, est bien évidemment « Alice au Pays des Merveilles », que l’on rapproche d’ailleurs fortement de l’art des pré-raphaélites.

  1. Le paysage moderne = comme dans les autres pays occidentaux, l’art britannique de la fin du 19ème et début du 20èmesiècle sera fortement influencé par l’impressionnisme et le post-impressionnisme.

Parmi les peintres paysagistes modernes se trouvent des artistes moins intéressés par les impressions de la nature, ils étaient plutôt passionnés par l’observation et la mise en place d’un paysage très étudié.

Ils donnent leur propre interprétation d’œuvres de Constable ou Turner.


12, 13 et 14, sont quatre chapitres (salles) consacrées plus encore à la modernité tant en peinture que dans les illustrations, photographies et dessins. Le début du 20ème siècle est illustré par les tableaux de Walter Sickert et sa vision réaliste et parfois sordide du monde, tel qu’on le concevait dans le groupe de Camden.

Richard Hamilton et David Hockney joueront tous deux un rôle essentiel dans le pop-art britannique ; Hamilton interprètera notamment des extraits d’ « Ulysses » de James Joyce.

Après la seconde guerre mondiale, l’art moderne britannique exprime avec force et réalisme l’homme et son milieu urbain.

Je n’ai pu résumer que de manière très rudimentaire l’intéressant petit programme, distribué gratuitement aux visiteurs de l’exposition. Mais sans doute l’aurez-vous compris : la modernité n’est pas mon point fort.

En tout cas, voilà une exposition dont je me souviendrai longtempts.

 

spencer

492px_Burne_Jones     687px_The_Rake_27s_Progress_8     250px_Rackham_Alice     alice

 

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