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mon bonheur est dans la ville
16 juillet 2009

MES OEDIPE, UNE TRILOGIE de Jacqueline Harpmann

HarpmanL'un des mythes fondateurs, revisité par Jacqueline Harpman, une écrivaine belge pour laquelle je professe une admiration sans bornes, pour son audace et pour la manière dont elle écrit, dont elle "dissèque" ses personnages (probablement dû au fait qu'elle est aussi psychanalyste).

Elle a donc "oser" réécrire le mythe fondateur d'Oedipe, le réécrire, l'explorer sous un autre éclairage. C'est la première incursion de Jacqueline Harpman dans le monde du théâtre - prions pour que ce ne soit pas la dernière. La trilogie est présentée en deux volets, allant de la naissance d'Oedipe à la mort d'Antigone.
Toutefois, ce qui rend ce travail intéressant pour le spectateur est que les deux volets (en trois tableaux) forment deux

1 & 2 : la suivante de la reine Jocaste "rabat" des jeunes gens, qui sont introduits la nuit, yeux bandés, dans le palais; ils doivent servir au plaisir de la reine (on retrouve un peu là le sujet de la Tour de Nesle et les amants de Marguerite de Bourgogne).
Le roi a été assassiné sur la route par un jeune étranger nommé Oedipe; il est aussi recruté par la suivante.
Sur la route, là même où  le roi fut tué, un sphinx s'est installé et dévore les voyageurs inconscients des questions qu'il leur posera. Oedipe, évidemment, va y répondre et recevoir la couronne de Thèbes. Il ignore toujours qu'en fait il couche avec sa propre mère et qu'il a tué son papa.

Les deux amants ont fondé une famille très classique : 2 garçons, 2 filles; une famille qui comme toutes les familles a l'air harmonieuse en apparence, mais où les garçons sont déjà en conflit. Comme souvent, la tragédie couve sous les apparences du bonheur.
Car la roue du destin tourne inexorablement et survient Tirésias, le devin.
Jocaste, mère et épouse de son fils, s'obstine et refuse une évidence qui sera sa perte. Le problème c'est que la révélation de l'inceste attise la passion d'Oedipe et Jocaste; il faudra donc mettre fin à la honte et "suicider" Jocaste.

3ème tableau : Jocaste est morte, Creon, frère de Jocaste, n'est plus gérant de Thèbes car les fils d'Oedipe ont réclamé le pouvoir. Eteocle et Polynice s'affrontent, chacun estimant être l'héritier légitime du pouvoir.
Oedipe n'est pas parti sur les routes avec Antigone; il est même devenu un être aigri, cynique qui appelle carrément à la fin de tout. Les enfants nés de l'inceste montrent une étrange fascination par la mort, comme si seule leur disparition à tous se purifierait enfin.
Ironie du sort, Oedipe mourra en dernier, lui par qui le scandale arriva. Il retrouve Sophronie, la suivante, ainsi la boucle est bouclée.

La distribution de la lecture-spectacle est à la hauteur du texte, même si parfois il me semble que ce n'est pas très évident de lire un texte plutôt que de le réciter sans l'avoir à la main. J'imagine que pour certains spectateurs, cela doit être déroutant d'entendre les comédiens découvrir le texte en même tant que leur public.
L'univers de Jacqueline Harpman - familles dysfonctionnelles  sous un aspect lisse et de bon ton - est entièrement dans cette réécriture d'Oedipe, dont le mythe se prête parfaitement à une analyse psychanalitique. Ce n'est pas pour rien qu'il s'agit d'un mythe fondateur, mais heureusement que toutes les familles ne lui ressemblent pas !

En tout cas, je suis "conquise" par ce type de spectacle, même si je pense que la simplicité qu'il propose me parait quelque peu  artificielle.

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