Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
16 juillet 2009

QUI EST LE VRAI INSPECTEUR DUPIF, de Tom Stoppard

dupif

 

On ne le découvrira qu’à la fin d’une des pièces les déjantées que j’ai pu voir cette année, pas étonnant que Stoppard ait inspiré les Monty Pythons et qu’il ait participé au scénario de « Brazil » du plus américain des Pythons, Terry Gilliam.

 

Essai de résumé d’une pièce à laquelle on croit tout comprendre et où les rebondissements et coups de théâtre en cascade vous laissent épuisés de rire, avec des maxillaires douloureux d’avoir été soumis à autant d’exercices.

Dans le salon cossu d’un manoir sombre, entouré de marais glauques et d’un brouillard épais (la vraie soupe aux pois si british), un cadavre est planqué sous le canapé.

Dupif3

Apparaît Mme Chaperon, la gouvernante qui n’est là qu’à titre exceptionnel et pendant que la brave femme vaque à ses occupations, deux critiques de théâtre s’enguirlandent à pleins poumons au premier rang du théâtre ! On va d’ailleurs les entendre à chaque entracte de la pièce, Delalune parce qu’on lui demande systématiquement où est son collègue Chablis et Grosabeau qui passe son temps à se justifier de sortir avec toutes les jeunes premières et à confirmer à quel point il est attaché à sa Myrtille d’épouse !

Pendant ce charivari, la radio interrompt un programme musical pour annoncer qu’un dangereux tueur en série s’est enfui de la prison et se trouve dans la région.

Arrive alors sur scène le séduisant Simon Mircabry dont la tenue vestimentaire ressemble à s’y méprendre à la description du dangereux criminel.

Peu après, voilà la jolie Félicité qui arrive également, se précipite au cou de Simon pendant que le portrait de Lord Muldoon s’ouvre et laisse apparaître le visage de Madame Chaperon qui observe tout ce petit monde, auquel se joint soudain la maîtresse de maison, la ravissante Lady Cynthia. Qui se précipite aussi sur Simon Mircabry, obligé d’avouer à Félicité Cunningham que désormais c’est Mrs. Muldoon qu’il aime !

Or Cynthia, bien qu’attirée par Simon, dit encore aimer son époux disparu depuis dix ans, elle est convaincue qu’il va revenir puisque son cadavre n’a jamais été retrouvé.
Et à propos de cadavre, celui sous le canapé n’a toujours pas bougé, on l’enjambe sans s’en préoccuper le moins du monde.

6X8T2057

Jusqu’à ce que paraisse celui qui dit s’appeler l’inspecteur Dupif !

Aux amoureux s’est joint un quatrième pour le bridge, le pas très beau Magnus Muldoon en chaise roulante, frère d’Albert, beau-frère de Cynthia dont il est amoureux fou et qui ne le lui rend absolument pas !

L’inspecteur Dupif commence à interroger tout ce petit monde, y compris Mme Chaperon qui répète fidèlement les propos tenus par les uns et les autres.

Mais qui est ce mort ?

Et nos deux critiques poursuivent allègrement leurs commentaires pendant ce temps ; bref c’est la « pièce de théâtre dans la pièce de théâtre », ce qui évidemment brouille un peu les pistes, surtout lorsque Grosabeau, devenu fou amoureux de Cynthia, va se retrouver sur la scène…

Delalune a beau lui dire d’arrêter de se donner en spectacle, en vain !

Le spectateur de « Qui est le véritable inspecteur Dupif ? » ne sait plus où donner des maxillaires, non seulement les bons mots se suivent, mais les situations burlesques également.

Evidemment, comme toujours, j’aimerais voir cette pièce en V.O. car je ne suis pas certaine d’aimer la traduction de Stoppard, comme je n’aime guère celle de Shakespeare. Jusqu’à présent, c’est le théâtre d’Alan Ayckbourne que j’apprécie le mieux en français comme en anglais.

Il faut bien dire que rien que la traduction des noms propres est légèrement biaisée par la traduction.

 

200px_Tom_Stoppard_27s_The_Real_Inspector_HoundL’inspecteur Dupif s’appelle Inspector Hound en anglais, ce qui est nettement plus approprié (« hound » signifiant notamment chien de chasse).

Même chose pour la femme de ménage, Mme Chaperon. En anglais elle s’appelle Mrs. Drudge, ce qui signifie « bonne à tout faire ». Bref, il y a des détails qui ne passent pas vraiment bien à la traduction.

Mais comme je suis une grande fan non seulement de la littérature mais aussi du théâtre anglo-saxon, je ne vais pas me faire plus anglaise que the queen et je n’ai pas boudé mon plaisir à ces jeux de scène réellement fort drôles, cette satire évidente du théâtre d’Agatha Christie.

Tom Stoppard non seulement se moque gentiment du genre policier very british mais aussi des critiques théâtraux.

Comme le dit le programme : on se croirait dans une pièce écrite par une Agatha Christie ayant trop abusé du whiskey dans lequel on aurait mis de l’ecstasy en fumant un pétard !

Et interprétée de main de maître par les comédiens du Théâtre de la Toison d’Or, mon petit théâtre chouchou de Bruxelles.

Mrs. Cynthia Muldoon est jouée par Laurence Bibot, Mrs. Chaperon par Nathalie Uffner, sa complice depuis pas mal d’années.

Toutes deux sont comédiennes, metteuses en scène entre autres flèches à leurs arcs.

C’est Joséphine de Renesse qui est Félicité.

Côté hommes, on trouve = Bruno Georis en inspecteur Dupif, Toni d’Antonio en Grosabeau, le critique marié à Myrtle (Myrtille en français) et Philippe Rasse est Delalune. Les amoureux transis de Cynthia sont interprétés par Freddy Sicx, Magnus Muldoon et Simon Mircabry est joué par Frédéric Nyssen.

La voix du présentateur radio est celle de Marc Danval ; le cadavre n’a pas dévoilé son identité.

On doit la mise en scène à Olivier Massart, assisté d’Alexis Goslain, comédien et écrivain.

Les costumes amusants et d’époque (l’action se passe dans les années 20 apparemment) sont de Jackie Fauconnier et l’on doit le décor à Dominique Maertens.

La pièce fut écrite par Tom Stoppard au début des années 60, et présentée au public en 1968; elle n’a pas pris une ride malgré ses 40  et quelques ans.

Le dramaturge s’y moque de l’excès des éléments que l’on reçoit dans un polar, dans les « whodunit » (ou « qui a fait le coup ») avant le coup de théâtre final qui surprend évidemment le public.

Pendant que l’audience tente de comprendre ce qui se passe dans la pièce, les deux critiques dialogues à qui mieux mieux, l’un (Delalune) sur l’envie de ne plus être considéré comme le remplaçant de Chablis, l’autre (Grosabeau), grand amateur de jolies femmes et parfait hypocrite.

Inutile de dire que l’on sort de là dans une extrême et euphorisante bonne humeur.

Dupif_02CJPohl

Publicité
Publicité
Commentaires
N
et bien ! tu es rapide pour découvrir mes chroniques MOUARF<br /> <br /> <br /> <br /> tu n'as pas vu la pièce parce qu'elle passait à bruxelles et que tu habites de l'autre côté de l'océan ;)
Répondre
L
Menfin! Pourquoi je n'ai pas vu cette pièce moi?
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 068
Archives
Derniers commentaires
Publicité