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mon bonheur est dans la ville
16 juillet 2009

ROBESPIERRE, de Thierry Debroux

thtreroyalduparc

 

1_paul_camus__philippe_resimont_ph__serge_daemsDans un fracas rouge sang, une ombre noire surmontée d’une guillotine emmène un petit garçon de 6 ans, tout sérieux, qui regarde le peuple avec tristesse.

Pendant que Robespierre reste cloîtré dans la chambre qu’il occupe chez les Duplay, tout autour tout le monde s’interroge sur ses décisions : la Terreur prendra-t-elle fin ou le régime va-t-il encore durcir sa position ?

 

Le parcours sanglant qui va de la sinistre Conciergerie à la place du Trône, rebaptisée place de la Révolution, où se dresse l’horrible machine à tuer, passe par la rue St-Honoré, sous les fenêtres même des Duplay qui en parlent à voix basse. Plus personne n’ose élever la voix dans le Paris de juiller 1794, la moindre parole peut conduire immédiatement à la mort, comme peut le faire la plus simple dénonciation.

La Terreur, la bien-nommée, ne trouve un exutoire que dans l’ancien Palais-Royal, ou Palais-Egalité, devenu le lieu de tous les fêtards défiant la mort au bordel, dans les jardins, bref Paris s’étourdit dans les plaisirs pour exorciser la mort qui rôde à tous les coins de rue.

Un homme est particulièrement dangereux, Desfieux, l’âme noire de Robespierre, un homme qui n’a plus d’âme pour éviter d’être hanté par le fantôme de tous les innocents  qu’il a fait tuer. Une femme l’aime pourtant, Amélie, la tenancière de la maison de plaisirs où il a recruté la jolie Camille, celle qui veut tuer Robespierre pour venger la mort de son père.

Le perruquier de Robespierre s’inquiète, lui aussi. Lorsqu’il reparaîtra, l’Incorruptible aura-t-il à nouveau le goût des perruques qui est perdu dans Paris ? quel malheur n’est-ce-pas qu’une civilisation qui veut aller nu-tête. Ce n’est pas la seule préoccupation du brave homme, son fils prénommé Jean-Baptiste a écrit une pièce qu’il aimerait faire lire à Robespierre, si seulement on pouvait la lui transmettre.

Dans tout ce bruit, la jeune Eléonore Duplay croit que Jean-Baptiste est tombé amoureux d’elle, elle ne sait pas encore qu’elle a une rivale ici aussi.

Bref, c’est la confusion la plus totale, il faudrait absolument que Robespierre se montre.

Le voilà enfin, las, très las. Il tente de justifier la dérive de cette république qu’il souhaitait tellement ; lui il est resté cet enfant grave, sérieux, devenu adulte trop jeune parce que son père les a quittés ses frères et lui. Il y croyait tellement à cette révolution et son orgueil démesuré fit le reste ; le gouvernement révolutionnaire devait être pur, vertueux, quiconque y dérogeait devait mourir.

Parce que la révolution était menacée aux frontières par les alliés de l’ancien régime, on instaura la répression, la délation, la Terreur.

Cela sera sa perte, parce quiconque vit par le glaive, périt par le glaive.

 

Intéressante cette pièce, qui mélange les genres,  de Thierry Debroux. Une espèce de hochepot, basée sur toutes les biographies, toutes les théories, écrites sur Maximilien Robespierre qui, aux dires même de l’auteur, est un cadeau pour un auteur de théâtre. Il est vrai qu’une telle personnalité doit certes être une source d’inspiration.

En ce qui me concerne, le second acte m’aurait amplement suffi ; je n’ai que très peu et très mal accroché au premier acte, traité sur le mode d’une tragi-comédie, teintée d’humour noir, mais criarde, beaucoup trop criarde.


Cet espèce d’helzapoppin destiné à tourner l’époque en dérision, puisque tout est dérisoire, ne m’a guère plu.

Le théâtre, il est vrai, se doit de se renouveler sans cesse faute de devenir pompeux, terne, fatiguant ; peut être ai-je trop vu de pièces adaptées d’une manière dite contemporaine pour encore apprécier ce type de théâtre très à la mode dans les années 60/70, là où tout se renouvelait.

En ce qui concerne l’interprétation, celui qui réellement écrase tout le monde est Philippe Résimont dans le rôle de Desfieux ; il est tour à tour ce type veule, faux, âme damnée afin de permettre à Robespierre de rester pur.

Celle qui l’aime, mais amour et mort sont étroitement mêlés en ces temps-là, est la tenancière du lupanar, Amélie, interprétée par Perrine Delers à la très jolie voix. Dommage que la costumière l’ait déguisée en Colette Renard dans « Irma la Douce » !

Quant au perruquier de Robespierre, là franchement je me demande ce qui a pris à Michel Israël de lui donner un accent yddish ? parce qu’Israël est d’origine juive ou parce que le perruquier l’était ??????
C’est vraiment n’importe quoi, il en fait un clown ridicule alors que le texte suffisait en soi pour rendre le personnage intéressant. Quelle déception !

Robespierre est interprété avec justesse par Paul Camus, il donne à l’incorruptible des accès de lassitude, d’incompris face à tous, victime de son propre orgueil.

Rosalia Cuevas, Jean-Paul Dermont et Deborah Rouach jouent la famille Duplay, Cuevas n'émeut guère en Mme Duplay, quant à Eléonore, elle se comporte comme une ado contemporaine !

Jean-Paul Dermont par contre émeut en père Duplay.

Les amoureux Amélie et Jean-Baptiste sont interprétés par Anouchka Vingtier et François Delcambre avec sensibilité et gentillesse, mais sans plus.

Une figure intéressante de l’une des femmes de la révolution, Claire Lacombe, est jouée avec une certaine emphase par Muriel Jacobs. Et est transformée en lesbienne, pourquoi ? parce qu'elle défend la cause des femmes ???? mais c'est quoi ce cliché éculé ?

 

Deux personnages récurrents les « numéro 1 et numéro 2 », des espèces de Laurel et Hardy,  sont interprétés avec humour par Pierre Poucet et Gérald Wauthia.

Citons encore le peintre David, joué par Yves Claessens qui fut ce magnifique Hector dans « La Guerre de Troie n’aura pas lieu », vue récemment dans ce même Théâtre du Parc.

Il me reste à parler du décor et des costumes. Si le premier m’a plu, par ce tissu drapé rouge comme le sang qui coulait, dont le seul bémol fut la peinture de Marat mort dans son bain par David, comme un martyr, je n’ai que très médiocrement apprécié les costumes.

Même si je comprends la démarche de la costumière Catherine Somers, à savoir que l’histoire est intemporelle, donc il n’est point nécessaire que les costumes soient d’époque, franchement il y avait de quoi être surpris, ce que je fus.

Comme je l’ai déjà dit, Perrine Delers ressemblait à Colette Renard dans « Irma la douce », mais à part les costumes des comédiens masculins, peu d’entre eux étaient très flatteurs, même si certains ne manquaient pas d’originalité comme ceux des prostituées ou des deux « numéros ».

Et – de manière évidemment plus que prévisible – la pièce se termine sur un Robespierre emmené par une ombre noire surmontée d’une guillotine, exactement telle qu’elle commença. Il y a des metteurs en scène qui ont certainement de l’écriture mais pas nécessairement des idées … parce que pour ce « Robespierre », c’est l’auteur en personne qui signe la mise en scène.

Bref, une expérience « intéressante », cet adjectif que l’on utilise lorsque quelque chose n’a plu que partiellement.

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