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mon bonheur est dans la ville
13 juillet 2009

MAIGRET TEND UN PIEGE, de Georges Simenon

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Depuis six mois, des femmes ont été assassinées à coups de couteau et ensuite leur cadavre lacéré. La presse demande ce que fait la police et le commissaire Maigret et ses hommes sont sur les dents.

Ni le viol, ni le vol ne sont les mobiles des crimes, les victimes étaient d’âges différents. Les femmes craignent désormais de sortir, d’aller simplement voir une amie ou faire une course. Un point commun, en dehors des meurtres, ils ont tous été commis dans le même arrondissement parisien. Jules Maigret est en plein cauchemar, le juge Coméliau est furieux et le réprimande vertement, exigeant des résultats, des arrrestations, les journalistes l’accablent, le traitant de responsable à cause des manques de résultat.

Comme tous les vendredis soirs, Maigret et Madame vont dîner chez les Pardon ; exceptionnellement ils y sont rejoints par le professeur Tissot, un ami du docteur qui va lui aussi parler de la "responsabilité" de la police à un commissaire qui commence à en avoir passablement assez, mais puisque la conversation a été amenée sur le sujet autant qu’il écoute les théories du spécialiste en psychiatrie. Pour celui-ci, le lieu est de première importance, prouvant que le tueur connaît le quartier à la perfection, le fait qu’il attende l’obscurité pour frapper est un autre point commun, ensuite les crimes répétés qui sont une preuve d’orgueil et, toujours selon le professeur, tôt ou tard, l’assassin éprouvera le besoin de se vanter de ses crimes, tout criminel est un exhibitionniste.

Tout cela corrobhore assez ce que pense le commissaire et il va donc tendre un piège au criminel pour que cessent ces crimes ; des auxiliaires de police féminins vont se retrouver dispersées dans le quartier. La jeune Marthe Jusserand sera celle qui subira l’attaque du tueur, mais malgré tout son courage, la jeune femme n’arrivera pas à l’arrêter ; seul un bouton lui reste dans la main. C’est lui qui sera la piste menant le commissaire et son équipe chez Marcel Moncin, architecte, fils de boucher, défendu bec et ongles par son épouse et sa mère qui pourtant ne peuvent se sentir mutuellement. Maigret est convaincu qu’il s’agit de son tueur, car le bouton arraché l’a mené au costume dont Moncin s’est débarrassé, soi-disant parce qu’il était taché. L’homme est maniaque, obsédé par la propreté et l’ordre, mais rien ne permet à Maigret de prouver sa culpabilité et lorsqu’un nouveau crime est commis, Moncin était en garde à vue. Alors qui ?

"Maigret tend un piège" est certainement l’un de mes polars préférés ; il y règne une ambiance angoissante, un suspense haletant dans cette course contre la montre à un assassin à l’esprit malade.

Possessives et castratrices, vénales et âpres au gain, les femmes ont un rôle principal dans les enquêtes du commissaire à la pipe ; qu’elles soient épouses, mères, secrétaires, bonniches ou prostituées, elles sont rarement aimables et sympathiques, d’ailleurs quasi jamais aimées, toujours frustrées.

Dans ce roman-ci, les deux portraits de femmes, la jeune et la vieille Madame Moncin, sont typiques de l’univers simenonien, protectrices et antagonistes, bref le reflet des femmes de la vie de l’écrivain. L’épouse ici est exceptionnellement loyale, ce qui plutôt rare chez Simenon.

Il nous livre aussi dans ce roman l’un des premiers portraits de "serial killers" de l’histoire du polar, un style qui désormais fait fureur chez les écrivains du genre.

A lire absolument. Ou à relire pour l’atmosphère d’angoisse et de suspense, même si on connaît la fin.

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