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mon bonheur est dans la ville
13 juillet 2009

WILL EISNER

220px_Will_Eisner2William Erwin Eisner, né en 1917 et décédé  l’âge de 87 ans, est un artiste et auteur de bandes dessinées particulièrement prolifique.

Il a été lauréat du grand prix d’Angoulême en 1975, le plus prestigieux prix européen destiné à récompenser un auteur de bédé. Le seul autre auteur américain à avoir obtenu cette récompense est le dessinateur Robert Crumb, qui l’obtint en 1999.

En 1988 le monde de la bande dessinée créa, en hommage à Will Eisner, les « Will Eisner Comic Industry Awards », plus familièrement nommés « The Eisners » et qui récompensent chaque année des auteurs de bédés.

Jusqu’à son décès en 2005 Will Eisner participa activement à la cérémonie, félicitant chaque lauréat avec enthousiasme.

Le grand prix de la ville d’Angoulême n’est évidemment pas le seul prix que Will Eisner a obtenu dans sa brillante carrière. Il a obtenu l’un des prix les plus prestigieux dans le domaine de la bédé US, le Reuben Award.

Mais en 1967, 1968, 1969, 1987 et 1988 il a obtenu le National Cartoonist Society Comic Book Award, ainsi que le Story Comic Book Award en 1979.

Will Eisner fut parmi les artistes honorés par l’exposition « Masters of American Comics », qui se tint au Jewish Museum de la ville de New York de septembre 2006 à janvier 2007. Parmi ses « collègues » exposés figuraient Robert Crumb (Fritz the cat), Jack Kirby (X-Men, Fantastic Four), Harvey Kurtzman (créateur du magazine « Mad »), Gary Panter (surnommé le « père de la bédé punk ») et Chris Ware (Quimby the mouse et Super-Man, une parodie de Superman ).

La carrière de Will Eisner s’étend sur plus de soixante années, elle débuta en 1936 dans « WOW What a magazine » ; le dessinateur ne s’est jamais résolu à prendre sa retraite. Avec son ami Jerry Iger, il fonde le studio Eisner-Iger où bien des dessinateurs connus feront leurs débuts.

250px_Spirit___Oct__6_2C_1946Lorsque se termine l’association Eisner-Iger, Will Eisner commence à produire des bandes dessinées pour la presse. Juin 1940 voit la naissance de celui qui sera son personnage vedette, le célèbre SPIRIT.

Eisner sera mobilisé en 1942 ; il dessine alors des affiches pour le moral des troupes.

La guerre terminée, Eisner reprend les aventures du Spirit avec l’aide d’assistants. Avec son personnage fétiche, Eisner explore alors des genres fort divers allant de la science-fiction à la vie quotidienne américaine. La série du Spirit se terminera en 1952.

Dans le courant des années 60-70, Will Eisner se consacre surtout à l’illustration éducative ou publicitaire et consacre fort peu de temps  à la bande dessinées.

Il est également professeur à l’école des arts visuels de New York.

spirit_section_mainA cette époque, les historiens de la bande dessinée découvrent le Spirit et du coup, la demande de nouvelles aventures se fait pressante.

Eisner finit par céder et relance son héros dans de nouvelles aventures.

newyork_big_city_cv_new_400Ce n’est cependant plus cela qui l’intéresse ; désormais Will Eisner a envie de raconter sa ville et Brooklyn, le quartier de sa jeunesse (A Contract with God, qui fut publié en français sous différents titres)

Cette bande dessinée au caractère très personnel est considérée comme le premier roman graphique ; elle fait comprendre aux Américains que le genre est plein de potentiel ; il n’est plus question de super-héros ou de contre-culture comme l’underground des années 60, mais une vraie forme littéraire en soi.

Will Eisner va produire encore d’autres histoires, certaines à caractère autobiographique (Le rêveur), d’autres de pures fictions racontant la vie quotidienne à New York.

51JNH1i3thL__SL500_AA240_La NEW YORK TRILOGY est un véritable petit bijou dans le genre.

61XPBK72REL__SL500_AA240_jpgEisner recommence aussi à visiter les grands classiques comme Moby Dick de Melville, mais aussi Charles Dickens, Kafka, Cervantès.

Le dessinateur refuse de se laisser enfermer dans le titre de « légende vivante de la bande dessinée».

Will Eisner a publié deux ouvrages théoriques sur sa vision personnelle de l’art de la BD, de très intéressantes réflexions sur son métier. Les deux livres sont une analyse en profondeur de son art.

Par ailleurs, il a aussi donné de nombreuses conférences dans lesquelles il prenait plaisir à expliquer et partager l’amour de son travail.

C'est la raison pour laquelle je terminerai par ce que dit de lui l’écrivain anglais Alan Moore, connu lui aussi pour ses graphic novels (V for Vendetta, From Hell) et qui obtint neuf fois le prix du meilleur scénariste aux Eisner Awards =

« Will Eisner est l’homme qui a transformé la bande dessinée en lecture intelligente. Grâce à lui, nous la voyons et la pensons autrement. Personne d’autre n’aurait pu réussir cela. Il a été le premier et, dans mes moments les plus pessimistes, je crains qu’il ne soit à jamais le seul auteur capable d’une telle prouesse ».

eisner_desk   

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