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mon bonheur est dans la ville
7 juillet 2009

AGATHA CHRISTIE, DUCHESSE DE LA MORT

51RV5BHd03L__SL500_AA240_Ainsi donc, selon Mr Rivière le titre réel d’Agatha Christie est « Duchesse de la mort » et non « Reine du Crime », tel que je me l’imaginais depuis le jour où je fis la connaissance de celle qui reste envers et contre tout l’un de mes auteurs préférés.

L’hommage de François Rivière pour intéressant qu’il soit n’apporte pas grand-chose de neuf à la biographie de Lady Agatha, sinon qu’elle était loin d’être aussi timide qu’on le prétendait et que cette timidité fut en fait parfaitement entretenue par l’écrivain elle-même, qui détestait la presse anglaise à qui elle reprochera toujours le scandale fait autour de sa fameuse « disparition », une disparition voulue par Mrs. Christie pour « punir » l’époux qu’elle adorait et qui avait décidé de divorcer. Une disparition que la famille de la romancière rapporta comme une temporaire perte de mémoire, suite à l’accident de voiture dont elle fut victime à l’époque, consécutivement à l’état dépressif dans lequel l’avait plongé la mort de sa maman qu’elle adorait.

Que les motivations du mari – qui appréciait sa vie privée – et de Rosalind, leur fille, aitent été celle de la version « perte de mémoire », on peut le comprendre. Quelle famille a envie de voir ses petites histoires étalées en première page des tabloïds, particulièrement vulgaires au Royaume-Uni.

Elle eut par contre des relations plus amicales avec la presse française

François Rivière qui apparaît dans les bonus des dvd des aventures d’Hercule Poirot parle de manière plus intéressante qu’il n’écrit, du moins à mes yeux. C’est d’ailleurs cette manière vive et naturelle qu’il avait de parler d’Agatha Christie qui m’avait incitée à acheter son essai de biographie.

Cette biographie est un joli hommage, certes, mais finalement n’a rien d’exceptionnel.

On y apprend

-         qu’Agatha Christie vivra pratiquement toute sa vie dans les souvenirs de son enfance, de sa grand-mère – qui servira de modèle à Miss Marple. Qu’Agatha était xénophobe, mais ça, ce n’est pas nouveau. Il suffit de lire ses romans où apparaît un personnage d’origine étrangère (italien, français, américain, grec, etc) pour réaliser à quel point Mrs. Christie était une insulaire bon teint.

-         qu’elle détestait son personnage d’Hercule Poirot, plein de maniérismes et imbu de lui-même, satisfait d’avoir toujours raison. Ça aussi on le sait, cela a été étalé en long et en large dans tous les essais et biographies d’Agatha Christie, elle-même d’ailleurs, lorsqu’elle en parlait, ne cachait pas son aversion pour le bonhomme.

-         qu’Ariadne Olivier, avec ses chapeaux ridicules et son goût des pommes, peut être considérée comme l’alter ego littéraire de la romancière. Ça aussi on le savait, puisque une fois encore Mrs. Christie/Lady Mallowan ne le cachait pas.

-         qu’Agatha Christie adorait les maisons et que toutes celles qu’elle achètera au cours de sa vie seront pour la plupart des rappels de son cher Ashfield.

-         que petite fille, elle fut fascinée par les ravissantes figurines de Dresde qui trônaient chez sa grand-mère, représentant les personnages de la « commedia dell’arte » , dont elle fera un jour le sujet de l’une de ses nouvelles « Le Bal de la Victoire » et que si elle fascinait tant Agatha, c’est parce que d’esprit romantique, elle imaginait les histoires que ces personnages avaient vécues.

-         qu’Agatha Christie préférait les trains au bateau et à l’avion ; ça aussi on le sait, il suffit de lire les affres que traversent Poirot en bateau ou en avion pour comprendre à quel point ces tribulations tiennent du « vécu ».

-         qu’Agatha Christie avait de l’humour – là aussi, il suffit de lire entre les lignes des romans ; dans sa manière de peindre les travers de ses concitoyens pour réaliser la dose d’auto-dérision dont l’auteure était capable.

-         elle détestait les intellectuels, était profondément conservatrice, détestait les idées marxistes : ici encore, il suffit de lire ses romans pour le savoir.

-         qu’elle adorait l’Orient et sa chaleur, et qu’elle était particulièrement bonne assistante d’archéologue. Ainsi que très bonne photographe. Cela aussi est désormais raconté partout et ses tris livres sur les aventures en Orient de Poirot sont là pour témoigner de la fascination que les territoires syriens et Bagdag exerçaient sur la romancière.

-         que ce sont les romans non policiers, écrits sous le pseudonyme de Mary Westmacott qui sont les plus représentatifs de la vie personnelle d’Agatha Christie, bien que ce soit des romans. Chaque personnage, et son aventure propre, possède un peu en lui une partie du vécu de la romancière.

-         qu’il y a un canevas dans les romans policiers, que l’on retrouve très facilement – bien sûr, si on les a tous lus, c’est tellement évident, qu’ici François Rivière enfonce une porte ouverte.

C’est en définitive l’enfance de la petite Agatha Miller qui m’a le plus plus touchée.

Sinon, le livre est joliment écrit ; je passerai à la moulinette la « Lettre à Lady Mallowan » qui introduit et termine la biographie proprement dite, et que j’ai trouvée profondément pompeuse alors que l’ensemble du livre est écrit joliment et simplement.

Mais ça ne fait pas pour cela un « grand livre ».

Finalement, c’est la Bibliographie, en annexe du livre, qui a le plus capté mon attention : François Rivière y répertorie et relate un bref synopsis de l’histoire, avec quelques notes personnelles réellement intéressantes.

Je préfère relire le très beau « Crèmes & Châtiments », dont François Rivière est le co-auteur avec Anne Martinetti, reçu récemment en cadeau à Noël, pour en savoir un peu sur la vie d’Agatha Christie, pour autant que cela soit nécessaire.

Pour en savoir un peu plus sur une romancière dont les romans continuent à attirer toutes les générations, je proposerais plutôt de découvrir le très savoureux et humorisque « Come, tell me how you live ».

On capte là tout l’humour et l’auto-dérision de la « Duchess of Death » ; on sent bien dans ces lignes là qu’Agatha Christie a enfin trouvé le bonheur vrai auprès de Max Mallowan, un homme qui ne prit jamais ombrage de sa célébrité et du fait qu’elle préférait passer son temps à écrire plutôt qu’à être une femme d’intérieur.

Ce n’est jamais agréable de dénigrer un livre – surtout que je ne suis finalement pas critique littéraire – d’autant plus que le livre de François Rivière est joliment écrit, il brosse d'Agatha Christie un portrait humain et sympathique, mais il n’est malheureusement pas vraiment intéressant. Et c’est dommage.

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