Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
3 juillet 2009

SLUMDOG MILLIONAIRE : PAS UN CONTE DE FEES POUR TOUS

© Pathé Distribution

Le succès (très surfait à mes yeux) du film de Danny Boyle cache depuis les oscars une sordide histoire de famille, se disputant une petite fille qui doit se sentir bien perdue dans tout ça.

Le quotidien flamand indépendant « De Morgen », dans son édition de ce  jeudi 23 avril 09, relate un article paru dans le quotidien britannique « News of the World » exposant la triste histoire de la petite Rubina Ali (9 ans)  interprète de Latika enfant, dans « Slumdog Millionaire », ce conte de fées dans l’Inde contemporaine où hélas la réalité dépasse la fiction.

Toute la famille de Rubina se bagarre désormais autour de l’enfant : sa sœur crève de jalousie, sa mère biologique, qui l’a abandonnée avec le reste de la famille, la réclame à présent ; sa belle-mère ne veut pas la lâcher, quant à son père il semblerait qu’il veuille la vendre pour une somme de 200.000 € !

En tout cas c’est ce qu’affirme Khursheed, la mère biologique de l’enfant. Quant à sa sœur Sana (13 ans) elle prétend que le succès du film où joue sa sœur a ruiné l’entente familiale. Selon Sana, leur père ne voudrait plus d’elle et de ses frères, il l’a renvoyée à leur mère biologique.

La situation est tellement grave et confuse que la mère et la belle-mère n’ont pas hésité à en venir aux mains en pleine rue, devant témoins, et devant le regard d’un appareil photo.

La petite fille dort encore et toujours à même le sol, dans un taudis des quartiers pauvres ; trois repas par jour ne sont pas nécessairement au programme.

Qureshi Ali continue à affirmer qu’il n’a jamais eu l’intention de vendre la petite fille ; une offre « d’adoption » lui avait été exprimée par des invités et en Inde on ne dit pas « non » à un invité.

Ceci dit, les membres de sa famille prennent son parti déclarant notamment : « Pourquoi vendrait-il sa fille alors qu’elle peut encore lui rapporter pas mal d’argent ? » Pourtant ce n’est pas la première fois que le père de l’enfant essuie des critiques ; le salaire que Rubina obtint pour son rôle a servi à payer les frais médicaux du père, qui a par ailleurs dépensé ce qui en restait après paiement desdits frais médicaux.

Les représentants du  Jai Ho Trust qui fut créé par les producteurs du film ont déclaré que désormais ils veilleraient de plus près au sort des enfants ; la famille recevrait un logement – ce qui avait déjà été promis par les autorités indiennes, mais jamais réalisé – une allocation mensuelle serait versée et une assistante sociale serait déléguée afin de surveiller la situation. Le trust espère ainsi éviter d’autres scandales.

Le producteur du film, Christian Colson, et le réalisateur, Danny Boyle, ont annoncé qu’ils se rendraient en Inde le mois prochain afin de rendre visite aux vedettes du film et ont l’intention de contacter le père de Rubina afin d’éclaircir totalement cette regrettable situation ».

De même un homme d’affaires vivant au Qatar aurait offert de payer les études de Rubina Ali jusqu’à un doctorat éventuel, si nécessaire. Aucune confirmation n’a été apportée à cette information à ce jour.

Entretemps, la petite Rubina a déclaré qu’effectivement son papa lui avait demandé si elle aimerait vivre au Moyen-Orient ; dans ce cas, toute la famille recevrait des passeports en règle ; comme le confirme « News of the World », la famille de Rubina s’envolerait effectivement pour Dubai afin d’y conduire la petite fille. Dans toute cette sordide affaire, l’enfant continue à soutenir son père auprès de qui elle déclare « aimer vivre ». (fin de l’article que j’ai quelque peu résumé et traduit)

Cette situation, si elle est exacte,  ramène une fois encore l’attention sur la manière dont les filles sont traitées en Inde, bien que compte tenu des différentes communautés ethniques, sociales et religieuses, on ne puisse pas à proprement parler d’ « une » condition de la femme ; ce qui est sûr c’est que malgré 50 ans d’indépendance du pays, elles restent les victimes de discrimination.

L’Inde ne compte que 927 femmes pour 1000 hommes ; ce chiffre révèle le fait que les femmes ne bénéficient pas des frais médicaux et de la nourriture comme les hommes – la coutume veut encore et toujours qu’elles mangent après eux, ce qui signifie qu’elles doivent bien souvent se contenter de restes. Leur travail n’est guère reconnu et elles sont considérées comme un poids pour leur famille à qui on demande souvent une énorme dot. Certaines dots entraînent l’endettement pour toute la famille. Par ailleurs, elles sont souvent harcelées par leur belle-famille pour qu’elles rapportent une dot plus importante.

Sans oublier qu’elles passent de la tutelle paternelle à l’autorité de leur belle-mère, qui n’hésite pas à passer ses propres frustrations sur l’épouse du fils.

Mais il n’y a pas que le harcèlement moral, il y a la violence physique aussi dont certaines belles-mères n’hésitent pas à abuser. Et si  le fils de la maison décède, sa veuve est parfois jetée à la rue  puisqu’elle représente une bouche supplémentaire à nourrir.

Dans les régions rurales elles ne sont pas toujours envoyées à l’école car il faut aider à garder les petits frères et sœurs.

C’est aussi cela l’Inde d’aujourd’hui, et je ne crois pas que des films comme « Slumdog Millionaire » y changeront quelque chose, au contraire ; ils donnent une image tronquée d’une situation vraiment dramatique.

Mais bon, ça ce n’est que ma petite opinion personnelle.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 226
Archives
Derniers commentaires
Publicité